Cela faisait longtemps que nous avions prévu de réaliser des travaux sur le safran. Déjà à l’époque où Venus était à Tahiti, nous savions que le safran était gorgé d’eau.
Des cloques, la fibre qui se délamine, une forme non linéaire, plein d’indices qui nous indiquaient qu’il était grand temps de s’y pencher !
Chloé et le safran
Novices dans la réparation de Safrans et du travail de la fibre de verre en général, ces travaux nous ont donné du fil à retordre, mais se sont avérés très formateurs et intéressants !
Voici comment nous avons réalisé les travaux étape par étape !
Notre Safran : La structure.
Nous pensions avoir le safran d’origine, mais après avoir consulté Baltic et reçu les plans, nous avons constaté que ce n’était pas le cas. Nous n’avions donc aucune idée de l’intérieur du safran avant de l’ouvrir.
Plan du safran d'origine, qui n'est pas celui que nous avons actuellement.
Notre safran mesure environ 1,80 m sur 80 cm, sans compter la mèche, pour environ 100 kg. Il est constitué de 5 parties empilées :
Fibre de verre
Mousse polyuréthane légère
Mousse polyuréthane compacte et résine
Mousse polyuréthane légère
Fibre de verre
À l’intérieur, une structure en acier inoxydable assure la solidité du safran et maintient sa forme sous la pression de l’eau.
Le Grand Début
Nous sommes en Juillet en Gaspésie, les journées sont anormalement froides, le soleil tient rarement, ce qui nous offre des journées courtes pour continuer notre chantier gargantuesque à bord de Venus.
Démancher le safran est moins facile que ça en à l'air!
Afin de pouvoir travailler sur le safran durant cet hiver nous l’avons démanché de son emplacement habituel afin de le stocker dans un atelier réchauffé. De cette manière le safran va pouvoir bien sécher au courant des prochains mois et nous pourrons commencer les travaux de fibre dans des conditions favorables à l’intérieur tandis que les températures seront encore glaciales à l’extérieur.
Mais chaque chose en son temps. Afin de démancher le safran, nous avons retiré les trois barres qui traversent la mèche du safran, à savoir celle du pilote automatique, celle du système de barre à roue et celui qui le maintien en place et l’empêche de finir dans les profondeurs de l’océan.
Et ce n'est qu'au bout de nombreuses heures d’effort que nous réussissons à sortir et entreposer le safran de près de 100 kg.
Le Ponçage et le Séchage
L’objectif des mois d’hiver était de bien sécher le safran avant de recommencer à travailler dessus. Pour un séchage optimal, il fallait poncer et enlever les différentes couches de peinture jusqu’à la fibre elle-même. Dès que nous avons eu accès à un atelier chauffé, nous avons commencé le ponçage des différentes couches et découvert que les couches inférieures étaient humides. Nous avons donc enlevé, couche par couche, celles qui étaient endommagées et nécessitaient d’être refaites.
Aujourd’hui, avec l’expérience acquise, je dirais que c’est assez simple, mais à l’époque, avec mon manque de connaissances et d’assurance, ce n’était pas une tâche facile. Avec le recul, j’aurais sûrement abordé certaines étapes différemment, mais je ne peux que me sentir avec compassion pour moi-même en repensant à ces mois passés. Quel chemin parcouru !
Bref
Comment savoir si la fibre est encore bonne ou non ? Il y a la technique du tapotage, qui consiste à donner des petits coups de marteau le long de la fibre pour repérer les zones qui sonnent creux. Personnellement, je n’ai pas encore maîtrisé cette technique, et il est facile de se tromper lorsque différentes densités de matériaux sont en jeu.
Il y a aussi la technique visuelle, qui consiste à repérer les bulles d’osmose et les zones où la fibre apparaît blanche. Ces zones blanches indiquent l'absence de résine : la fibre de verre est sèche. Cela peut être dû à un manque de résine lors de la fabrication ou à une décomposition en acide acétique causée par la présence d’eau.
Dans tous les cas, la meilleure approche est de retirer la fibre sèche pour la remplacer par de la nouvelle fibre que l’on va imbiber de résine. Mais chaque chose en son temps !
Pour retirer la fibre endommagée, nous avons utilisé une meuleuse, une ponceuse orbitale, un Dremel avec des petits pads de 3 pouces, et beaucoup de patience !
Dans le doute, il vaut mieux enlever de la matière endommagée et la remplacer plutôt que de la laisser en place.
Ainsi, nous avons enlevé toute une épaisseur sur l'ensemble du safran pour revenir à une base saine.
Petit point à considérer : lorsqu’on ponce une surface à refibrer, il est important de créer une pente de 1/12. Par exemple, si l’on creuse 1 mm, la pente doit être de 12 mm de chaque bord, soit 24 mm au total. Cette pente permet à la fibre et à la résine d’adhérer au maximum, assurant ainsi une résistance optimale.
Mousse Polyuréthane
À certains endroits, la mousse polyuréthane semblait mouillée. Face au doute, nous avons découpé complètement jusqu’à atteindre la mousse, que nous avons examinée et enlevée.
Nous avons ensuite laissé sécher la zone pendant plusieurs semaines avant de couler de la mousse polyuréthane bi-composante de 2 LB de densité.
La mousse qui fait son effet!
Les premiers essais dans des contenants n’étaient pas concluants, mais après plusieurs tentatives, nous avons maîtrisé la technique et ce fut un plaisir de travailler avec un matériau aussi agréable !
C’est à partir de ce moment que le travail de reconstruction du safran a commencé. Retrouve toutes les étapes de la reconstruction dans le prochain article !
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