top of page

Navigation froide : naviguer en Arctique

Dernière mise à jour : 30 janv.

Combien sont ceux qui désirent naviguer uniquement vêtus d’un maillot de bain, les voiles blanches de leur voilier contrastant avec un ciel bleu limpide tandis que la chaleur réconfortante du soleil caresse leur peau mate?

Certainement un grand nombre, il suffit de jeter un coup d’œil à la quantité de voiliers qui parcourent les eaux chaudes et cristallines des Caraïbes!

 

Cependant nombreux sont ceux et celles qui sont attirés par, au contraire, des navigations froides, à parcourir des contrées blanchies par la neige, à zigzaguer entre les icebergs et la glace de mer.

Après les tropiques c'est l'heure de la navigation en eaux froides

Après les tropiques, c'est l'heure de la navigation en eaux froides


Après plus de 14 000 miles nautiques à naviguer dans les eaux chaudes des tropiques, j’ai eu l’appel du Nord, l’appel de la navigation arctique et c’est en plein mois de février que cet appel s’est concrétisé : convoyer un Garcia de 68 pieds depuis les eaux bretonnes de Roscoff jusqu’aux eaux glaciales du nord de la Norvège, au-delà du Cercle Arctique, à Bodø.


Ce périple de 1 500 miles nautiques nous a menés à travers tout type d’ambiances, avec des journées humides, chaudes, venteuses, tranquilles ou encore glaciales et voici l’apprentissage que j’en ai tiré.

 

Naviguer entre les dépressions hivernales

La navigation de la Mer du Nord en plein mois de février consiste fondamentalement à se mettre au rythme du passage des dépressions hivernales. Ce n’est pas rare d’avoir des systèmes des vents violents qui traversent cette mer tous les 3 ou 4 jours, amenant sur leur passage des conditions très musclées et une mer bien formée. Et dans le Nord, quand c’est formé ce n’est pas peu dire.


Nous étions à la pointe nord de l’Écosse et notre prochaine escale était Florø, au sud de la Norvège. Nous avions devant nous une traversée d’une durée d’environ 3 jours, mais les systèmes dépressionnaires s’enchainaient, ne nous laissant que peu de choix. Et après quelques jours d’attente, lorsque nous avons eu une petite fenêtre météo de 3 jours en vue, nous avons sauté sur l’occasion pour larguer les amarres et traverser la Mer du Nord : la course contre la montre venait de commencer.


Le premier jour a été marqué par un vent faible et une mer formée et inconfortable à cause de la houle résiduelle reliée à la dépression qui venait de passer devant nous la veille. Le deuxième jour fut agréable, ensoleillé, et nous en avons profité pour bien nous reposer et préparer la suite qui s’annonçait plus difficile. Le troisième jour, comme annoncé, nous avons eu le front froid qui nous a rattrapés au courant de la nuit, à quelques heures de l’arrivée. Ce sont des rafales à 60 nœuds et une mer avec des vagues de près de 9 mètres qui sont venus nous rappeler la force de la nature tandis que nous parcourions les derniers miles avant de trouver un refuge bien mérité.

 

La navigation dans les Fjords

La navigation dans les fjords a ses avantages et ses inconvénients.

Le premier avantage saute aux yeux à l’instant même où l’on rentre dans le premier fjord : c’est magnifique, c’est grandiose, le silence se fait entendre tandis que les équipiers regardent ébahis ces falaises tomber dans l’eau profonde du fjord.


Le deuxième avantage est la protection qu’il offre. Il peut y avoir une houle monstrueuse en mer, dans les fjords on en ressent qu’une infime partie et la différence se fait bien ressentir dès qu’on sort de cette protection. Plusieurs fois, nous sommes passés d’une navigation agréable et paisible à une gestion du mal de mer et de l’équipage dès lors que nous devions quitter l’abri d’un fjord, nous exposer à la houle de la mer pour aller rejoindre en toute vitesse la bouche du fjord suivant.

Un spectacle de tous les instants

Un spectacle de tous les instants


Ceci dit, cette navigation vient également avec ses inconvénients.

Le premier est le vent qui est dans la majorité des cas instable, inexistant, ou au contraire, exacerbé par l’effet venturi. Le vent canalisé par le fjord suit alors sa direction, amenant un vent plein de face, auquel cas les journées sont passées à faire des virements de bord toutes les 20 minutes, ou plein vent arrière (situation rencontrée que rarement dans notre expérience de remontée vers le Nord).


À cette direction du vent malcommode, il faut y ajouter des variations violentes en force qui peuvent faire passer un vent agréable de 15 nœuds à un vent corsé de 30 nœuds et plus dans l’espace d’un tournant ou d’un coude de fjord.


Le deuxième inconvénient, qui découle du premier, est une navigation où l’accent sur une vigilance constante doit donc être primordial. Non seulement d’un côté il y a les changements de vents radicaux qui impliquent des manœuvres rapides, des changements de voile, des prises de ris ou des affalages au complet, mais d’un autre il y a la structure même des fjords qui forment de vrais labyrinthes.  Des voies sans sorties, des passages étroits, des effets de courant prononcés, gare à celui qui n’aura pas fait son travail préalable de navigation sur les cartes nautiques!

 

Le mouillage patagonien

Tant dans la navigation dans les fjords qu’à travers les amas d’îles parsemées le long de la côte norvégienne, nombreux sont les arrêts possibles qui se présentent pour faire une escale dans un coin de paysage paradisiaque.


Ceci dit, pour pouvoir le faire de manière sécuritaire, il est souvent nécessaire de faire appel au mouillage patagonien, où l’on amène de longues amarres jusqu'à la terre ferme, de part et d’autre du voilier. Cette technique est utilisée lorsque le fond est trop profond pour pouvoir y jeter son ancre ou encore lorsque le mouillage dans lequel il faut s’immobiliser est très étroit et que les mouvements du voilier autour de son ancre (évitage) pourraient le faire finir son parcours sur la rive.

L'ancre et trois amarres, de quoi dormir sur les deux oreilles

L'ancre et trois amarres, de quoi dormir sur les deux oreilles


Une fois le mouillage étudié, il s’en suit une danse qui doit être très coordonnée pour amener les différentes amarres à la terre ferme à l’aide de l’annexe tandis que le barreur garde le contrôle de l’embarcation durant toute la durée de la manœuvre.

Un exercice où la communication gagne à être claire et bidirectionnelle!

 

L’équipement

Avoir froid dans les contrées chaudes des Caraïbes est une chose, avoir froid dans le Nord, en est une autre. C’est là que l’équipement prend toute son importance.

Autant dans le Sud, le maillot de bain ou des flip-flops peuvent devenir un élément optionnel, une bonne veste de quart, des gants et des bottes chaudes sont indispensables

.

De mon côté, voici ma liste d’équipement incontournable :

- Sous-vêtements thermiques : avoir une bonne première couche chaude est indispensable. Pour le haut j’utilise ce pull mérinos, et je dois dire que bien que j’avais mes doutes lorsque je l’ai acheté, je n’ai jamais regretté! Super confortable et chaud, il a fait la différence tout au long des navigations.


-Pantalon technique : quand la température chutait comme par exemple durant la nuit j’utilisais un pantalon comme celui-ci afin de m’offrir une double protection.


-Doudoune : le confort et la chaleur d’une bonne doudoune sont rarement un luxe. Que ce soit en extérieur ou en intérieur, elle m’a accompagné en tout moment.


-Chaussette imperméable mérinos : rien de pire que d’avoir froid aux pieds ou de les avoir mouillés! C’est au cours d’une traversée précédente que j’ai découvert ces chaussettes de DexShell et j’y ai tout de suite adhéré! Il peut y avoir de l’eau qui rentre par mégarde dans les bottes, les pieds resteront au sec!


-Gants de pêche : ces bons gants de pécheur manquent peut-être d’esthétique, mais ils seront les meilleurs amis de tes mains! Imperméables et chauds, ils font toute la différence.


-Veste de quart et salopette de quart : j’ai pour ma part utilisé cette salopette et veste et j’ai été agréablement surpris par le rapport qualité/prix! C’est toujours agréable de pouvoir bien s’équiper sans devoir dépenser une fortune.


-Bottes de neige : l’objectif est d’avoir les pieds au sec et au chaud. Pour ma part, j’ai opté pour des bottes de neige 100% étanches!

Un bon équipement fera toute la différence!

Un bon équipement fera toute la différence!


Et te voilà prêt et prête à affronter les températures négatives du Grand Nord, car comme on dit, il n’y a pas de mauvaises températures, il n’y a que des personnes mal habillées.


Si au cours de cette lecture des questions sont venues à ton esprit, fais-nous le savoir, ça nous fera plaisir d’y répondre!


Sur ce, bonne journée et vive la navigation en eaux froides!

 

bottom of page