top of page
Writer's pictureArcticstern

Venus- Le Journal de bord Marquises

Updated: May 26, 2021

Vous êtes tombés sur cet article sans avoir lu les articles précédents? Alors pour vous mettre dans la sauce voici un petit résumé sous forme de recette.


Nous appellerons ce plat : Aventure sur lit de Pacifique


Comme ingrédient principal prenez une équipe qui s’est donné comme mission d’aller jusqu’à Tahiti chercher Venus, un magnifique voilier de 51 pieds. Ajoutez-y le défi de le ramener jusqu’au Québec. Laissez mariner le tout pendant une traversée de plus de 10 semaines sur deux océans et plus de 7 000 miles nautiques. Et pour agrémenter le tout, nous y ajouterons un dernier ingrédient spécial: la situation de pandémie mondiale et de restrictions de voyage.

Ça vous met l’eau en bouche? Moi aussi, alors c’est parti!


Jeudi 7 mai 2021

Enfin! Après avoir passé une semaine à Nuku Hiva pour faire réparer la fameuse patte de notre alternateur nous voici enfin prêts à lever l’ancre, direction Hiva Oa!


Alors, deux questions se posent : où se trouve Hiva Oa, et puis, pourquoi Hiva Oa?

La plus facile à répondre étant la première, je vais commencer par celle-ci : Hiva Oa se trouve au Sud-Est de Nuku Hiva, à environ 80 miles nautiques, soit près de 150 km. Hiva Oa est la deuxième île de l’archipel par sa taille et est connue par le fait que c’est ici que Jacques Brel et Paul Gauguin ont décidé de finir leurs jours.


Alors maintenant pourquoi Hiva Oa? D’un côté il y a la préparation pour le Transpacifique : depuis que Nicolas et Luke sont retournés chez eux nous ne sommes plus que deux, Chloé et moi-même. Avec un océan à traverser au près devant nous, soit plus de 4000 miles nautiques (soit près de 7500 km) à vivre dans un monde penché à 15 degrés de gite, nous voulons avoir une petite traversée d’entraînement afin de prendre en main Venus en étant juste deux.

La deuxième raison est administrative. Aux Marquises il y a 3 ports d’entrée et de sortie au niveau d’immigration, donc si on veut quitter la Polynésie vers un autre pays on a trois options : Nuku Hiva, Hiva Oa, et Ua Pou. Étant donné que nous sommes déjà à Nuku Hiva, la traversée logique pour la suite est d’aller à Hiva Oa ou Ua Pou. Ua Pou étant très peu desservie et le ravitaillement pouvait être difficile, nous avons choisi d’aller direction Hiva Oa.


Alors du coup, on prévoit environ 24 heures de navigation au près, face au vent. Pour une première à deux ça va sûrement bousculer!

Pas de tout repos cette première navigation!


Samedi 9 mai 2021

Eh beh! Pas de tout repos cette navigation! Haha, on a connu plus tranquille!

Dès que nous sortons de la baie abritée de Taiohae nous avons droit à une mer désordonnée, avec des vagues de 3 - 4 mètres et un vent établi à 22 nœuds au menu! On voulait une traversée d’entraînement? On est servi!


C’est après 27 heures de navigation à faire des virements de bords, à slalomer entre les îles, avec du vent ne descendant pas au-dessous 20 nœuds, avec des rafales à 28 nœuds et des vitesses pointes à 9,1 nœuds (wahoooo!!!) que nous arrivons enfin à Hiva Oa!

Si Taiohae qui est la ville principale de Nuku Hiva n’était pas grande, le village principal de Hiva Oa appelé Atuona est rikiki johnny! En fait la baie de Tahauku qui nous sert de mouillage se trouve à 45 minutes à pied du village Atuona, donc du coup niveau logistique on va dire qu’on a sûrement fait nos 10 000 pas quotidiens!


Et une petite baie fait en sorte que tu connais vite fait tes voisins de mouillage, et que de belles rencontres! Il faut dire que ce n’est pas la foule ici, on est à peine 4 voiliers dans la baie! Certains arrivent du Panama, d’autres sont dans le coin depuis 3 ans après avoir fait un tour du monde… quelle joie de pouvoir partager toutes ces expériences et de pouvoir rencontrer des personnes si merveilleuses!


Mercredi 12 mai 2021

Que le temps passe vite! Nous avions prévu rester moins longtemps que ça, mais la vie de voilier est pleine d’imprévus! Comme petit imprévu nous avons par exemple le frigo qui a décidé de rendre l’âme la semaine dernière. Alors je vous assure, rien de très grave, mais bon, c’est quand même pratique de pouvoir garder des aliments au frais, surtout en vue d’une traversée de plus d’un mois au chaud. Mais bon, ici il n’y a pas de frigoriste (spécialiste en frigos), donc du coup, pas possible de le réparer.


D’un autre côté il y a les conditions météo. Des jours il fait beau, des jours il fait moins beau. Bon il s’avère que la dernière semaine on a eu droit à une belle tempête et des beaux coups de vent. Il paraît que dans le coin, quand les fichiers météo annoncent du 30-35 nœuds, on peut s’attendre à avoir du 40 voir du 50 nœuds dans le pif. Du coup pas question de sortir et de se mettre dans une situation délicate dès le début. Il faut dire que dans notre petite baie on était quand même bien confortables, mais dès que tu jetais un coup d’œil dehors, disons que ce n’était pas très apétissant.


Par contre le gros imprévu a été sous forme de courriel reçu il y a quelques jours: grosso modo il disait quelque chose comme « Bonjour Axel, bonne nouvelle, il faut que tu te présentes à un des postes de santé ici au Canada dans les 30 prochains jours pour que nous puissions continuer avec tes démarches d’immigration et d’administration. Cordialement, Immigration Canada ». Alors, je vous assure, les sueurs froides dans le dos je les ai eues! Et pas qu’un peu! Alors bon, quoi faire? Et c’est parti pour des échanges téléphoniques et de courriel afin de pouvoir repousser cette demande… Et depuis, je suis en attente d’une réponse.


Bref, impossible de lever l’ancre en sachant qu’à tout moment je peux recevoir un courriel qui me dit « niet, il faut que tu viennes tout de suite au Canada, donc demi-tour! »

Donc voilà, nous voici bloqués ici, aux Marquises dans l’attente de nouvelles d’immigration. Décidément je n’en ai pas fini avec les démarches administratives!


Jeudi 13 mai 2021

Toujours pas de nouvelles pour mes paperasses…

Petit à petit on apprend à reconnaître la végétation, les manguiers, avocatiers, les fleurs champignon (oui, ce sont des petites fleurs qui goûtent le champignon!), pamplemoussiers, les fausses cerises, l’arbre qui sert à faire des cordes et des perches et dont le nom m’échappe, mais aussi les poissons comestibles avec des noms marquisiens comme le « pou-pou », ou encore le « kaoha ».

Toute balade se transforme vite en une nouvelle découverte!


Petit à petit la nature devient notre source d’alimentation, c’est à même l’arbre que l’on va chercher nos fruits tandis que la mer va nous approvisionner en poisson.

Je tiens à vous partager notre mission avocats parce qu’on va se l’avouer ça a été pas mal plus compliqué et plus ridicule que prévu: ce matin nous sommes partis à la recherche d’avocats dans la forêt-jungle.

Alors bon, première étape : trouver l’avocatier, parce que non, dans la jungle les avocats ne sont pas dans le rayon « fruits et légumes », entre les oranges et les ananas! Heureusement nous avions un spécialiste du coin parce que sinon la mission était perdue d’avance! Après une bonne balade d’une heure à regarder dans les airs nous avons afin trouver notre bonheur : un avocatier plein d’avocats! Première étape réussie! Sauf que, je ne le savais pas, les avocatiers sont des arbres qui poussent très hauts quand ils sont sauvages.

Du coup on passe à la deuxième étape : la cueillette. Pour cela la technique consiste à trouver une branche suffisamment longue et droite pour atteindre les avocats (environ 5 mètres de hauteur) et y installer une fourche à l’aide d’une deuxième branche et de la corde d’arbre. Cet item une fois élaboré sera alors appelé « perche ». Il faut alors réussir à faire passer la branche sur laquelle pendent le ou les avocats dans le « V » de la fourche de notre perche. Une fois la branche pleine d’avocats dans la fourche, il faut alors faire pivoter la perche jusqu’à que la branche brise. Dans la théorie la branche ainsi cassée reste accrochée à la fourche. Bon, en pratique il vaut mieux avoir un réceptionneur au cas où l’avocat tombe, car si par malheur il tombe sur un rocher, c’est guacamole assuré!


Alors ça a l’air facile, mais essayez de viser la branche avec les avocats, qui bien sûr est la moins accessible, avec une perche qui ne veut pas rester droite, et puis, rajoutez-y une horde de moustique qui se régale sur vos jambes et votre dos tandis que vous faites le clown.


Imaginez deux personnes qui regardent en l’air, accrochés à une perche de 5 mètres de long, qui suivent les consignes de 2 autres personnes qui les guident avec des « plus haut, à droite, à gauche, non plus bas, encore plus à gauche, non vous êtes trop à droite », et ce tout en dansant une danse bien ridicule afin d’éviter la horde de moustiques, et vous aurez une bonne idée du spectacle auquel vous auriez assisté si vous aviez été présents.


Les indications, que dire des indications. Je ne sais pas vous, mais lorsque j’ai demandé des indications pour aller à un endroit, j’ai majoritairement eu des réponses du style « la troisième rue à droite », « prenez cette rue et dans 200 mètres prenez la rue de droite, la rue Dufour ». Bien, alors du coup ici oubliez ce type d’indications, ici vous aurez plutôt du « derrière le manguier à gauche », « l’arbre à pain à droite », ou encore, « après le chien qui aboie à gauche »! Et effectivement, ça ne rate pas, si lorsqu’un chien aboie tu prends la gauche, paf, tu tombes sur ce que tu cherchais!


Et puis que dire de l’art, la musique, la danse, la sculpture, les bijoux... Ici toutes ces formes artistiques sont omniprésentes. Du Tiki en pierre qui observe chacun de tes mouvements aux tatouages des marquisiens qui expliquent chacun une histoire unique et différente. Aujourd’hui nous avons eu la chance d’assister aux festivités organisées pour l’accueil du ministre des outre mers, Sébastien Cornu! Une simple mise en bouche de ce que seront les festivités au mois de juillet lors de la visite à Hiva Oa du président français Emmanuel Macron. En Effet, c’est une grande occasion pour les marquisiens puisque c’est la première fois qu’un président de la république va se rendre aux Marquises. Plus de 150 danseurs se sont regroupés, en costumes traditionnels, avec des chants, des tambours, dans un décor magistral, aux pieds des montagnes, entre les tikis et les maisons traditionnelles… Incroyable...

La force de l’union, de la tradition et la vibration des Marquises. Magique.


Vendredi 14 mai 2021.

On lève l'ancre!

Direction?

Alors ceux d’entre vous qui nous avez suivi sur noforeignland le savez déjà, mais pour le reste je vais faire durer un peu le suspens.

Tandis que je suis toujours à l’attente de recevoir ma réponse de la part d’immigration nous sommes allés à la gendarmerie afin de nous assurer que la sortie de la Polynésie pouvait toujours se faire depuis Hiva Oa. Eh bien non, surprise, à cause du COVID maintenant toutes les sorties se font uniquement à Nuku Hiva! Du coup, nous voici obligés de retourner à Nuku Hiva…


Mais, car oui il y a un mais, il s’avère que nous ne sommes pas loin d’une des îles les plus renommées des Marquises. Elle ne se trouve qu’à 10 heures de navigation et plusieurs personnes nous ont partagé le fait que nous ne pourrions pas dire que nous connaissions les Marquises tant que nous n’étions pas allés à cette fameuse île. Quand sera la prochaine fois dans notre vie que nous aurons l’opportunité de revenir par ici? Dur à dire. Peut-être jamais? Du coup, en attendant la réponse d’immigration, on décide de faire une petite escale à la baie qui est connue comme l’une des plus belles au monde

Hanavave, Baie des Vierges, Fatuiva


Alors cap au Sud-Est, et après une belle navigation au près (histoire d’être originaux), c’est au tout petit matin que nous découvrons cette fameuse Baie. Notez le « B » majuscule car il me semble qu’elle la mérite tout à fait.

Quel spectacle.

Indéscriptible.

Bienvenus à Hanavave!


La beauté pure. Une beauté qui vous caresse doucement et qui vous donne la chair de poule, qui vous remue bien des émotions.

Une petite Baie surplombée de falaises noires et vertes, avec des phaétons blancs, qui dansent au loin, sans effort, tel des raies des cieux, un petit feu qui emplit le village et la vallée d’une fumée mystérieuse…

Féerique

Et isolé


Ici vous pouvez uniquement vous rendre par bateau : l’Aranui (bateau qui fait cargo et transport de passagers) une fois aux trois semaines, en navette de 12 places deux fois par semaine, ou bien en voilier. Et dans tous les cas c’est une navigation de 8 heures minimum.

Autant dire que c’est pas mal isolé.

Nous sommes tellement chanceux de pouvoir être ici, isolés du monde, isolés de cette situation de pandémie. Ici nous avons l’impression d’être dans un monde parallèle, un univers parallèle, et c’est juste magique.


Jeudi 20 mai 2021

Fatuiva…

L’île paradisiaque, l’île où tout est beauté et tranquillité.

Cela fait quelques jours que nous sommes là, et pourtant chaque matin nous avons l’impression de redécouvrir un nouveau monde.

Chaque jour la même vue, mais tellement différente dans sa beauté...


Comment le décrire?

Si je ferme les yeux et j’avais à décrire la baie d’Hanavave qui nous fait face, je dirai que c’est noir, vert pétillant, bleu clair et transparent, avec une certaine fraîcheur, des falaises abruptes, une vallée enclavée, des cocoteraies, des manguiers verts pétant, et surtout, un air mystérieux, une sensation de pureté.

C’est bon j’ai ré-ouvert les yeux.


Mais il faut continuer. Nous pourrions rester ici longtemps, bien plus longtemps. C’est une autre vie. Dans le supermarché du village il n’y a ni poisson, ni légumes, ni fruits. Pour quoi faire? Les arbres en sont pleins? Ce ne sont pas des produits qui se vendent. Tu veux une mangue? Demande au propriétaire du manguier et il se fera un plaisir de t’en donner…une boîte pleine! Sinon c’est facile, le surplus fini dans l’estomac des cochons.

Magique...


Du poisson? Pareil! Ici l’eau est suffisamment claire pour voir à 10 mètres de profondeurs! Alors si jusqu’ici nous étions plus mode canne à pêche, il nous a semblé bon d’essayer la pêche sous-marine. Et quel régal!


Oubliez l’hameçon que vous balancez dans le bleu, presque à l’aveuglette! Mettez votre masque et votre tuba, prenez votre fusil de pêche et venez avec moi découvrir les profondeurs!

Inspirez

Expirez

Inspirez

Hop, c’est parti.

Un coup de palme, deux, trois, vous voici à 4 mètres de profondeur, n’oubliez pas de décompresser les oreilles parce qu’on continue à descendre.

5

6

7

8 mètres

8 mètres de profondeur


Vous voici dans le fond, un fond qui mélange corail et sable par endroits. Et puis vous levez les yeux. C’est une explosion de couleurs qui vous attend. Des dizaines voire des centaines de poissons se poursuivent, se mordillent, mangent, broutent ou encore vous regardent de leurs yeux curieux. Et puis là, c’est à votre tour de jouer, ou du moins si vous voulez manger du poisson ce soir. Lequel était comestible déjà? Lequel n’a pas de risque associé au Ciguaterra? Je ne suis pas encore connaisseur, alors je vous pointe un poisson rouge, avec des yeux globuleux qui se cache souvent sous des rochers ou le corail : le rouget tropical du Pacifique.


Vous reste-t ’il suffisament d’air dans les poumons? N’oubliez pas qu’il vous faut encore vous en approcher doucement, attendre qu’il sorte de sa cachette, évaluer sa taille car vous ne voudriez pas ressortir avec un poisson de la taille d’une sardine, et puis ensuite viser et tirer. Dans le meilleur des cas vous aurez alors à l’extrémité du harpon votre souper (attention à ce qu’il ne s’échappe pas!), tandis que dans le moins bon des cas vous aurez peut-être envoyé votre harpon se coincer entre deux rochers derrière ce qui aurait pu être votre souper ( haha, je vous parle par expérience). À ce moment là uniquement vous serez prêts pour remonter à nouveau vers la surface.

C'est parti pour la remontée

8 mètres

7

6

5

4

3

2

1

Et puis, l’inspiration. Celle qui vous ramène à la vie.


La magie de l’observation, l’art de la respiration, l’art de conserver son énergie, l’apnée, et puis, la gestion du souffle, pas de panique. Un requin? Nous en avons vu plusieurs, mais aucun n’a réclamé sa part du souper!


Et puis, c’est le moment de quitter ce paradis, de quitter cette vie si belle en rencontre, si simple et si pure. C’est le moment de retourner à Nuku Hiva. C’est le moment de continuer avec nos obligation, car ne l’oublions pas, c’est avec vous que nous voulons partager toutes ces belles expériences! Nos obligations sont diverses mais relève tout de même du devoir, car cette belle Venus requiert de l’attention et demande beaucoup d’amour, mais surtout car il est de notre devoir de vous offrir la meilleure expérience à bord!


Venez avec nous, embarquez à bord de Venus et découvrez ce monde magique qu’est la voile, faites de rencontres sincères et vivez une aventure inoubliable!


Prenez soin de vous!

À tout bientôt!




Vous voulez nous aider dans cette aventure? Ce magnifique projet à bord de Venus vous inspire? Contribuez aujourd'hui et faites partie de cette aventure!


Merci!




Comentarios


bottom of page